Colette était une femme sans histoire. C'est du moins ce que l'on croyait jusqu'au jour où sa nièce apprend son décès par un appel de la police. Car Colette, sa tante unique, a déjà été enterrée il y a trois ans...
Darwyne est un petit garçon, pas tout à fait comme les autres. Il vit
avec sa maman dans un presque bidonville en bordure de la forêt
amazonienne. Dans la cabane qu'ils habitent les beaux pères se
succèdent, obligeant l'enfant à partager sa maman qu'il adore. Il aurait
pourtant bien des raisons de l'aimer moins cette maman et, pour
échapper à tout cela, l'enfant se sauve régulièrement dans la forêt où
il trouve refuge.
Un jour, une jeune femme des services sociaux se penche sur cette
famille et tout particulièrement sur cet enfant étonnant qui la
bouleverse ...
Sylviane
https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/le-polar-sonne-toujours-2-fois/le-polar-sonne-toujours-2-fois-du-jeudi-15-septembre-2022-2037401
Colin Niel a une formation d'ingénieur des eaux et forêts et ça se sent dans les romans noirs qu'il écrit ! Il puise souvent ses idées dans la jungle amazonienne de Guyane. Michel Abescat nous présente son dernier livre : "Darwyne".
Notre roman noir de la semaine a pour auteur Colin Niel, ingénieur agronome de formation, devenu écrivain, plusieurs fois primé. Son septième roman se passe une nouvelle fois en Guyane où il a vécu et travaillé. Il s’intitule "Darwyne" et met en scène une enquête d’un genre particulier.
Il s’agit d’une enquête sur un enfant. Un enfant hors du commun dont le mystère persiste une fois le livre refermé. Tout commence donc par une enquête sociale, menée par une éducatrice spécialisée, à la suite d’une dénonciation anonyme. Darwyne Massily, 10 ans, serait-il en danger, maltraité par sa famille ?
L’enfant vit dans un bidonville, avec sa mère, Yolanda, et toute une série de beaux-pères qui se succèdent rapidement avant de disparaître brutalement de la circulation.
Drôle de tête, tignasse noire ébouriffée, silhouette recroquevillée et boitillante, Darwyne se tient toujours à l’écart. Sa mère le voit « un peu comme un animal » et raconte les difficultés qu’elle a pour le « redresser », lui qui souffre d’une grosse malformation au pied.
A première vue, l’affaire devrait être classée sans suite, mais Mathurine, l’éducatrice, n’y parvient pas. Et le roman peu à peu va révéler une histoire beaucoup plus compliquée qu’il n’y paraît…
Darwyne et sa mère vivent à Bois Sec, une colline sur laquelle s’est peu à peu étendu un immense village de petites baraques de tôle ondulée, bricolées, sans cesse rafistolées, suspendues de plus en plus haut, sur des pentes de plus en plus raides.
Au sommet, la cabane de Darwyne et de sa mère jouxte la forêt amazonienne, immense, menaçante, toujours prête à reprendre ses droits. À peine défrichée, qu’elle repousse aussitôt, profitant du moindre interstice. Comme le symbole vivant du combat entre sauvage et civilisation, entre nature et culture.
Colin Niel excelle à en faire sentir la présence, les vibrations, le grouillement, les respirations et les bruits. Et le roman alors glisse aux confins du fantastique, perturbant et entêtant.
Il est au cœur du livre. Au cœur des interrogations de l’éducatrice, elle-même passionnée par la faune et la flore amazoniennes. Mathurine remarque vite combien Darwyne est à l’aise en forêt où il paraît se déplier soudain. Où il marche avec aisance, sans jamais se perdre. Où il semble communiquer avec toutes sortes d’animaux, reproduisant leurs vocalises, leurs grincements, leurs feulements. Le mystère du livre est là, fascinant, dans l’énigme de cet enfant si particulier. Tour à tour merveilleux et monstrueux. Qui est Darwyne ? À quel monde appartient-il ?
Extrait :
"Et à présent que Bois Sec s’est assoupi, que se sont tus tous les vacarmes humains, Darwyne écoute les bruits de la jungle. Après cette journée de plus avec le nouveau beau-père, ça l’apaise. Jamais il n’irait dire cela, ni à la mère ni à personne d’autre, mais ce qu’il entend d’abord, c’est la lisière débroussaillée en train de guérir de ses blessures. Les plaies qui se referment lentement, le crissement ligneux des tissus végétaux. Et, plus loin, Darwyne entend gronder la faune nocturne qui se presse derrière l’orée. Il entend les oiseaux de la nuit, feuler le grand ibijau, crisser la chouette à lunettes, il entend les rainettes et les adénomères, il entend brailler les singes hurleurs, tout là-bas. Et ne sachant aucun de ces noms-là, ces noms couchés dans les livres des naturalistes, il les nomme à sa manière, dans sa tête. Et pourtant conscient que la mère n’aimerait pas le voir ainsi, il reste longtemps à écouter ce sous-bois plus étendu que la ville elle-même, déployé à l’infini sous le tapis des cimes. L’Amazonie entière à quelques mètres de sa couchette."
Cet enfant s'appelle Darwyne, ça ne s'écrit pas pareil mais est-ce que c'est une allusion à Charles Darwin, le père de la théorie de l’évolution ?
Le roman de Colin Niel, décidément passionnant, peut ainsi se lire comme une parabole. Comme l’histoire d’un petit humain devenu créature de la forêt, un être capable de recréer les liens perdus avec le monde vivant, visible et invisible. De renouer le dialogue entre espèces, humaines et non humaines.
Mais en première approche, Darwyne est d’abord l’histoire d’un petit garçon qui voue un amour inconditionnel à sa mère pour laquelle il est prêt à tout. De ce point de vue, évidemment, je ne peux guère en dire plus…
Paru en 1929 , ce roman puissant, fulgurant, cruel, a pour cadre le monde impitoyable de la finance. Conté avec froideur, (chute au soir d...