
Voici un premier roman qui est vraiment une réussite.C’est un récit que j’ai lu avec énormément de plaisir et d’émotion.
Le personnage principal , Anna Zeller, est enseignante, la petite trentaine ; elle découvre un jour dans son courrier une lettre bien officielle qui lui signale qu’elle a été tirée au sort et va devoir se présenter au tribunal où elle est appelée à devenir membre du jury dans un procès aux Assises.
Et elle va devoir juger Frédéric Gagneron, et Lucille Moulin, sa compagne au moment du crime, accusés d’avoir empoisonné et tué la grand tante de Frédéric, qui habitait l’appartement voisin du leur.
Le roman nous fait entrer pleinement dans les pensées et les doutes d’une jurée de cour d’assises. On suit le même parcours que le personnage qui tente de comprendre les tenants et les aboutissants du meurtre reproché aux deux accusés. La fine analyse psychologique du trouble d’Anna et les origines et conséquences de son passé familial sont un atout supplémentaire à ce roman qui m’a intéressée et instruite avec sa dissection de la mécanique d’un procès, en plus de me tenir en haleine.
La nature humaine est complexe, rien n’est jamais tout blanc ou tout noir.
Grâce à ce procès, Anna en vient à revenir et régler un douloureux passé, comment l'histoire des autres aussi tragique ou banale, peut vous amener à vous pencher et à réfléchir sur votre propre vie, ses loupés, ses mensonges, ses oublis.....
Car Anna ne s’est pas toujours appelé Zeller, elle a changé de nom , petite fille, à la suite de la disparition de sa cousine Aurore.
J’aurais d’ailleurs aimé avoir une fin plus satisfaisante concernant le sort d’Aurore. Je trouve qu’il manque ici un dénouement.
Parallèlement aux doutes qui assaillent Anna dès l’ouverture du procès (il y va de la liberté ou de la condamnation de deux personnes et de leur avenir) Anna se demande « de nuit comme de jour » sur la base de quelles affirmations et suppositions elle doit se baser pour développer sa conviction, en même temps, elle revit le drame et l’angoisse qui la perturbent profondément depuis qu’elle a 9 ans et que sa cousine a disparu.
Cette mise en situation de la délicate position des jurés et de leurs certitudes ainsi que leurs doutes ou fragilités selon leur propre vécu, est très intéressante.
Marie Christine