Les demoiselles Anne-Gaëlle Huon

 

Ce roman nous emmène à la découverte de l'histoire méconnue des hirondelles de Mauléon, capitale de l'espadrille.

De 1880 aux années 1930, des centaines de jeunes femmes venues des villages à la limite entre Aragon et Navarre, ont traversé la montagne pour passer l'hiver à Mauléon et travailler dans les usines d'espadrilles. Elles-mêmes se sont baptisées ''hirondelles''.

 Nous suivons l'histoire de Rosa, qui à la suite du décès de sa soeur Alma lors de la traversée des Pyrénées, loin de son abuela, se retrouve bien seule et rejetée par les autres hirondelles. C'est alors qu'elle fait connaissance des demoiselles et des personnages hauts en couleur qui les accompagnent . Sa vie en sera transformée.

Les demoiselles a été une très belle découverte. Le roman mélange savamment les épisodes dramatiques avec ceux plus légers et pétillants. Les personnages sont bien construits et réalistes ; le mélange entre fiction et réalité est bien dosé (heureusement, l’auteur précise le vrai du faux dans une note à la fin du livre car on y rencontre aussi bien Charlie Chaplin que Christian Dior). 

Le style d’écriture est élégant et fluide. J’ai bien aimé cet univers riche et simple à la fois. On se laisse emporter par l'histoire de Rosa et ses demoiselles à la conquête de leur liberté. Sans tout dévoiler, le livre apporte avec délicatesse et authenticité beaucoup d'espoir sur la vie, l'amour et la famille.

Marie Christine

https://www.youtube.com/watch?v=IWjk9EgQNdA

 

https://vimeo.com/446831859 

 

Le tournesol suit toujours la lumière du soleil Martha Hall Kelly

 

 

Ce livre nous fait participer à l'histoire des Etats Unis pendant la la Guerre de Sécession. A travers plusieurs familles, nous prenons part à cette période très meurtrière entre le Nord et le Sud.

Trois femmes vont nous livrer leur vie sur cette période. Trois femmes dont les histoires ne vont cesser de s’entrecroiser.

Anne-May, esclavagiste sans pitié, sans remords et d'un égoïsme monumental.  dirige une plantation de tabac dans le Maryland avec son mari. Quand la guerre éclate, ce dernier s’engage et Anne-May se retrouve seule à la tête de leur propriété, faisant régner un climat de terreur sur les esclaves avec l’aide de son infâme contremaître, LeBaron.

Jemma, jeune esclave sous les ordres d’Anne May,  n’aspire qu’à une seule chose avec ses proches : s’échapper de cet enfer et trouver un endroit où ils pourront vivre librement.

Georgy, jeune femme de bonne famille résidant à New York, défenseur de l’abolitionnisme et de l’égalité des hommes quelle que soit leur couleur de peau, va s’engager en tant qu’infirmière au service de la Commission Sanitaire en charge des blessés de guerre.

Ce roman historique a dû nécessiter un travail de recherches impressionnant. Certains personnages brillent par leur cruauté, leur égoïsme et leur haine vis à vis des gens de couleur. On est révolté par leurs réactions abjectes et la violence dont ils font preuve.

Parallèlement, on est traversé par un sentiment d’admiration et d’attachement pour d’autres face à leur déterminisme, leur volonté de répandre le bien autour d’eux quels que soient les risques encourus, leur bienveillance et leur empathie.

Un roman historique au cœur de la guerre de Sécession qui met en avant le courage et la force des esclaves et de certaines femmes de cette époque ! Un récit des plus passionnants, immersif et poignant !

 

Marie Christine

Le héron de Guernica Antoine Choplin

 

 

De cet auteur je vous ai déjà signalé « A contre-courant » et « Nord-Est ».Aujourd’hui il s’agit de son roman de 2011 .

Guernica, mai 1937. Basilio jeune peintre autodidacte passe son temps à observer dans les marais les hérons cendrés. Il s’acharne à rendre par le pinceau la vie, la beauté de ces oiseaux hiératiques.

Pourtant, c’est à Paris que nous le montrent les premières pages. Car le Père Eusebio, à Guernica, a su convaincre Basilio de se rendre,  en Mai 1937, à l’inauguration de la Première Exposition universelle des Arts et Techniques.  « As-tu déjà entendu parler de Picasso ? Eh bien il parait qu’il veut réaliser pour le pavillon espagnol une œuvre sur ce qui s’est passé ici, à Guernica. »

Basilio ira à Paris pour savoir ce qu’un peintre, Picasso, qui n’est pas encore célèbre, a peint au sujet de Guernica, où il n’était pas, lui, le jour du marché , le 26 avril 1937.Et puis il emmènera sa peinture avec lui : « Ce jour_là il y aura la présentation du tableau à la presse et Picasso sera forcément là. Peut-être qu’il voudra y jeter un coup d’œil ? »

Ce qu’il en fut de la rencontre devant le tableau entre le peintre et le garçon, les dernières pages du livre nous le diront.

Entre temps il nous faut entrer dans le village de Guernica, suivre ses habitants dans leur quotidien à peine troublé par la proximité de la guerre civile, être près de Basilio lors de ses face à face avec « son » héron. Avec lui il nous faut écouter l’approche d’un avion, sentir le souffle de la déflagration alors qu’il vient de larguer ses bombes …Assister à l’horreur alors que nul quartier n’échappera « au fer et au feu qui dégringolent des nuages.

Sur ces tragiques évènements, l’approche de l’auteur est singulière. Et comme à l’accoutumée son style sobre, où n’entre nul discours parasite, suffit à montrer l’enjeu du récit. Il me semble ici que se répondent des oppositions . Entre la tranquillité de la petite ville basque et sa dévastation soudaine ? Entre la ferveur discrète d’un peintre amateur, et le surgissement de l’une des œuvres les plus célèbres du monde ?

Peut-être s’agit-il,  plus largement, du regard posé sur la manière dont s’impose l’Histoire sur nos vies , fragiles mais immensément porteuses d’infini.

Marie Thérèse

 https://www.youtube.com/watch?v=6SCLLhdhNpI