Ce roman d’anticipation est assez léger dans sa construction et lourd dans ses constats.
Intelligent, visionnaire, drôle et effrayant à la fois, la logique woke est ici poussée à son paroxysme.
Parfois,
il suffit d'observer avec acuité les évolutions du monde actuel, et
d'en pousser un peu plus loin le développement logique pour se retrouver
dans un monde à la fois comique et effrayant.
Nous
sommes en 2060. En France, l’absurde a remplacé le bon sens. Il faut un
formulaire de consentement pour tout acte sexuel, les enfants
choisissent leur genre à l’âge de 10 ans, et il ne faut surtout parler
d'eux en les qualifiant d'il ou elle avant, toute forme de
discrimination, quelle qu'elle soit, est sévèrement sanctionnée…
Cette
dystopie a de quoi à la fois nous faire sourire, tout en mettant
vaguement mal à l'aise, car on ne peut s'empêcher de penser que
finalement, nous n'en sommes peut-être pas si éloignés que cela.
L’humour
d’INCLURE est acide, parfois dévastateur. On éprouve une vague
compassion pour Théophile Liviu, le héros malheureux de l'histoire,
malgré son arrivisme et sa médiocrité satisfaite d'elle-même ,
prisonnier qu'il se trouve d'un dilemme sans issue véritable.
La
non-discrimination et l’égalitarisme sont poussés jusqu'au délire, et
Théophile Liviu va finir par s'en retrouver logiquement la victime.
Accusé
de "brunophobie" parce qu'il a dit sur le ton de la boutade qu’il
préférait "les blondes", Théophile se retrouve pris dans un engrenage
inexorable qui le conduit en prison, où il va subir des souffrances de
tous ordres.
Condamné,
il n'est plus maître de son destin. Il se retrouve l'enjeu de luttes
politiques qui le dépassent, pris en sandwich entre le "progressisme" de
la Présidente Diallo, élue et réélue depuis 2042 à la tête du parti de
l'Inclusion, et Pierre Ruinet, candidat de la Réaction et représentant
du "fascisme d'extrême-droite". Triste leçon : son opportunisme
insouciant et son indécision ont fait de lui un outil pratique, utilisé
avec cynisme par des intérêts qui se soucient bien peu de le broyer.
La
morale du roman est impitoyable : la liberté de pensée,
l'individualisme des goûts et des préférences... doivent être défendus ,
si on ne veut pas transformer toute vie en enfer.