Jean Ravanyi est un géographe et géopolitique français professeur émérite à l'Institut national des langues et civilisations orientales, spécialiste du Caucase, de la Russie et de l'espace postsoviétique ( ceci pour souligner la solidité de ses écrits..)
On a souvent qualifié la disparition de l'URSS de divorce à l'amiable ( or il n'en fut rien !)
L'agression décidée par Vladimir Poutine en Ukraine en février 2022 vient contredire cet optimisme. En réalité , dès 1988 une série de conflits ont surgi autour de la Russie avant même que l'URSS n'éclate, en 1991.
D'abord au Caucase, puis en Asie centrale et en Moldavie car le régime soviétique avait mis sous le boisseau toute réflexion sur des enjeux brûlants qui couvaient à petit feu.
( en fait un énorme " machin " administratif et autoritaire ( la soviétisation ) très loin des espérances de vie acceptables par les peuples ; à l'image de ce qu'est devenu le " système" européen à nos jours)..
Très tôt la Russie a perdu le monopole d'influence qu'elle exerçait sur tout cet espace alors que des acteurs extérieurs ( Etats Unis, Union Européenne, Turquie, Chine) profitaient de son affaiblissement.
N'oublions pas qu'en en 1991 lorsque Gorbatchev ouvrit la frontière avec la Hongrie et retira les troupes de la RFA permettant la réunification de l'Allemagne il espérait que les paroles ( rien n'a été écrit) de ' l'Occident' de ne pas élargir le domaine de l'Otan s'accompagneraient d'une aide financière vers la Russie afin de relever le niveau de vie de la population russe qu'enfin il avait reconnu.
A l'exception des pays baltes , de la Pologne et autres rien ne se passa comme espéré.
L'arrivée en 2000 à la tête de l'Etat russe de Vladimir Poutine marque un tournant majeur, ce dernier se fixant pour objectif de redonner à son pays sa puissance d'antan.
En partant de la situation actuelle, l'agression de la Russie en Ukraine, ce livre propose de revenir aux sources des enchaînements au désastre de part et d'autre que nous pouvons hélas observer.
N'oublions jamais que le pouvoir russe n'a jamais hésité à user de la force militaire la plus brutale.
Incapable de prendre le contrôle du pays , Poutine a décidé de le dépecer et d'en détruire méthodiquement les infrastructures.
Ces destructions à la fois matérielles et symboliques séparent radicalement et pour longtemps deux peuples assez proches pour avoir pu parfois se penser complémentaires.
La Russie sortira elle même affaiblie mais il convient de se garder de toute illusion.
Les réponses apportées par les Etats Unis et leurs alliés sont des instruments à double tranchant. L'Union Européenne peut-elle jouer un rôle dans l'évolution de cette crise?
Ce conflit voulu et initié par Poutine dans son vertige de puissance est loin d'être terminé.
Cette guerre atroce invite chacun d'entre nous à réélaborer son cadre de pensée sur la notion de puissance.
Très intéressant à parcourir.
Jean Claude.
