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samedi 19 août 2023

Génitrix - François Mauriac


Génitrix par Mauriac

Mathilde Cazenave est en train de mourir. Sa belle-mère est aux anges, car elle va enfin avoir son fils pour elle toute seule. Elle déteste sa bru, au point de lui dire, au moment du mariage « Vous n’aurez jamais mon fils »…
Fernand, fils unique d’une mère veuve, Félicité, qui n’a jamais supporté l’idée qu’il puisse y avoir une autre femme qu’elle dans sa vie, a épousé à l’âge de 50 ans, Mathilde, une jeune fille bien sous
tous rapports, on ne sait trop pourquoi …
Deux mois après le mariage, il s’est ré-installé dans sa chambre d’enfant, alors que sa femme est en train de faire la fausse couche dont elle va mourir.
On sait peu de choses sur Mathilde, sinon qu’elle était institutrice (un des rares métiers « convenables » à cette époque-là pour une jeune fille), orpheline, et avait été recueillie, ainsi que son frère Jean, par des parents éloignés. Jean « sortait » le soir en cachette pour rencontrer des femmes, et c’est sa sœur qui lui ouvrait la porte quand
il rentrait.
Il lui semblait donc probablement normal que les hommes « sortent » le soir de cette façon, tout comme Fernand, qui a « une habitude » à Bordeaux, ce que sa mère tolérait, sachant que cette « habitude » ne risquait pas de lui usurper sa place auprès de son fils.
Le lecteur se demande d’ailleurs comment elle a pu accepter le mariage de son fils, on ne nous le dit pas, mais il fallait peut-être que le domaine ait un héritier…
Après la mort de Mathilde (abandonnée seule dans sa chambre, dont même la bonne, Félicité, avait reçu l’ordre de sortir…), Fernand, pour la première fois, se dit qu’il aurait pu, ou dû « s’entendre » avec Mathilde, il entrevoit un bonheur qui aurait pu être possible, mais ne se reproche rien, il n’a pas l’idée de s’en prendre à lui-même, tout est la faute de sa mère, c’est cette « Genitrix » impitoyable qui est responsable de tout, qui l’a trop gâté, et Mathilde morte est maintenant pour sa belle-mère, une rivale bien plus redoutable qu’elle ne l’était de son vivant. Fernand semble découvrir tout ce qu’il aurait fallu faire
pour éviter cette fin tragique…

Il porte des fleurs tous les jours sur sa tombe, (ce dont sa mère est informée par le gardien du cimetière !) et finit par s’installer dans « la chambre de la pauvre madame »…
Elle ne le quitte pas d’une semelle, partageant ses repas, bien trop riches et copieux pour une femme de son âge, jusqu’au moment où puisée par ce qu’elle vit, tombe malade et quand elle remercie son fils d’enfin s’occuper d’elle, il la frappe en plein cœur en lui disant ;
« C’est « elle » qui veut que je sois bon pour toi… »
Paralysée, elle ne peut plus monter dans sa chambre et passe ses journées dans la cuisine « Elle éprouvait obscurément qu’il était bon qu’elle souffrit pour son fils, mais elle ne savait pas qu’elle était crucifiée »..
Après son décès, les domestiques prennent peu à peu possession des lieux ; jusqu’au moment où il les chasse et reste seul, avec peut-être une vieille servante, qui n’a pas pu l’abandonner.
Un très beau roman situé comme toujours dans la région de Bordeaux. Magnifiquement écrit, mais d’une cruauté insupportable,
Aucun des romans de Mauriac ne m’a fait la même impression : huis-clos, étouffement…à lire absolument !

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