Un livre dédié à une figure américaine singulière et oubliée. Illustre oublié,
oui, Hingginson est un contemporain des personnages marquants d’une période charnière de l’Amérique du XIXe siècle.
Ce militant dans l’âme fut pasteur, abolitionniste, soutien de Lincoln, colonel dans l’armée de l’Union, féministe avant l’heure, écrivain proche de Thoreau, d’Emerson, de London. S’il a fréquenté les personnages les plus emblématiques de son époque, participé aux évènements les plus importants
de la construction houleuse de l’Amérique, personne pourtant ne se souvient
de lui aujourd’hui, sauf peut-être les plus ardents admirateurs d’Emily Dickinson.
Si la Guerre de Sécession y tient une place importante, dans ces pages plane « l’ombre gigantesque » d’Emily Dickinson. Et la partie consacrée aux contacts de Thomas et de la petite poétesse d’Amherst a comblé l’attente qui me fit ouvrir ce livre. Avec une certaine hâte j’ai abordé la période qui vit se lier ces deux êtres si éloignés l’un de l’autre, et pourtant destinés à lier leurs destinées. Higginson n’est-il pas celui qui, au terme d’une correspondance d’un quart de siècle, a permis que soient publiés les poèmes d’Emily ?
La vie de Thomas W Higginson s’achève en 1911, aussi paisiblement qu’elle fut constamment remplie de combats. Une vie dans l’amour de la littérature, dans l’engagement, dans l’enthousiasme, dans le don de soi.
J’ai admiré comment l’auteur parvient à tracer le portrait d’un homme au caractère si singulier, c’est-à-dire fascinant de contradictions (à un point parfois incompréhensible) et néanmoins fidèle aux engagements vertueux qu’il défendra toute sa vie. « Une énigme » écrit-il, au terme de cet ouvrage
qui me donne le désir de découvrir d’autres livres de Christian Garcin.
Marie Thérèse