Une amie, fervente lectrice d’Hervé Bazin , m’avait vanté ce livre, que le hasard met dans mes mains : Le volume, un peu vieux (belle couverture, cependant, chez Points-Seuil), sort d’une boîte aux livres . Hervé Bazin y conte , en 1970 , les conséquences de l’éruption volcanique qui en 1961 contraignit à l’émigration toute la population de Tristan da Cunha, île de l’Atlantique Sud, territoire britannique de Sainte Hélène.
Les premières secousses se produisent le 6 aoùt1961 dans cette île plantée au bout de la dorsale atlantique et fille, de surcroît d’un volcan éteint.Elle héberge les descendants de William Gladd, capitaine d’artillerie posté là en 1815 avec 87 hommes , pour empêcher l’île de servir de base à une éventuelle tentative de délivrer Napoléon exilé à Sainte –Hélène. Obtenant l’autorisation de s’y maintenir avec sa femmes et quatre ou cinq hommes , Gladd fonda avec eux une colonie chrétienne égalitaire dont la constitution tient en cette phrase : « Nul ne s’élèvera ici au-dessus de quiconque ».
De grondements en secousses , puis en crevasse béante, le volcan s’est réveillé .Fuyant leurs champs condamnés par l’émergence d’un cratère secondaire, les habitants ont fait leurs paquets, ils campent par une nuit où s’approche l’apocalypse. La nouvelle de l’éruption se répand dans le monde, un chalutier se déroute pour les recueillir. C’est fini.Toute la communauté est sauve, ses biens abandonnés : maisons, bétail, animaux familiers, la conserverie détruite.
Toute l’Angleterre inquiète s’est mobilisée pour que l’arrivée à Southampton du paquebot hollandais parti du Cap soit le début d’un séjour où tout sera prévu pour que les réfugiés ne manquent de rien.
Cette petite communauté insulaire se retrouve donc projetée sans transition du Moyen –Age au XXe siècle et deux années se passent dans le pays qui l’ accueille, et où tout est généreusement mis à sa disposition. Le choc culturel est total ,et malgré l’intelligence avec laquelle les accueilleurs et les accueillis font face aux difficultés d’adaptation, les Tristanais se décideront à repartir sur leur île .
Ce choix nous est expliqué avec beaucoup de finesse dans la seconde partie du récit où l’auteur relate les raisons, les conséquences, la difficile reprise de ces bienheureux. Choisir l’isolement et le dénuement plutôt que le confort du monde moderne ? Le débat illustré par ce (véridique) conte philosophique est loin d’être clos.
Marie Thérèse