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vendredi 14 avril 2023

Il suffit de traverser la rue - Eroc Faye

 

 Il suffit de traverser la rue par Faye

 


Dans les années de 2010 un journaliste vit de l'intérieur les convulsions d'une entreprise de presse prise dans ...le " délire de la mondialisation".

Rachat, brutalité managériale ( surtout cela ne vous concerne pas???) , obsession du profit envers et contre tout. 

Qui a dit que la mondialisation était heureuse ?  pour qui ?

A l'occasion d'un plan de départs volontaires ( enfin si l'on veut ) il prend ses cliques et ses claques en saisissant au vol une opportunité de reconversion professionnelle ( pardi à près de la soixantaine..) qui sont un business à part entière.

Au fil du roman c'est le tableau d'une classe moyenne incapable de résister et de se mobiliser lorsqu'elle est attaquée.


Maintenant il suffit de .......lire ce roman.

Jean Claude.

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Critique parue dans le journal La Croix :

Il suffit de traverser la rue

Éric Faye

Seuil, 288 p., 19,50 €

Plus un écrivain s’attaque à des situations ordinaires et plus sa plume doit être originale et talentueuse. C’est, en tout cas, ce dont on se persuade à la lecture du nouveau roman d’Éric Faye. Sans l’élégante précision de son vocabulaire et le mélodieux balancement de sa phrase, Il suffit de traverser la rue aurait pu glisser vers le pamphlet antilibéral comme il en existe beaucoup.


Mais si l’auteur se fait ici peut-être plus politique qu’à son habitude, son intelligence et sa sensibilité le garantissent de l’emphase démonstrative comme de la tentation moralisatrice. Écrit à la première personne – une personne immédiatement attachante en dépit de ses petites lâchetés –, le récit, très concret jusque dans ses bizarreries, reste constamment à hauteur des gens. Cette généreuse et romanesque incarnation prouve une fois encore le pouvoir d’une bonne histoire.

Dernière heure professionnelle

Journaliste dans une agence d’information dont la direction américaine invisible et omnipotente orchestre la réorganisation, à savoir la réduction des coûts, Aurélien Babel sent bien sa dernière heure professionnelle arrivée. Mais, poète à ses heures, il entend tirer avantage de la situation et profiter d’un plan de départ assorti d’un chèque confortable.

Adieu la révolte collective pour sauver les emplois et la défense de la noblesse du métier. Le narrateur consent même à passer par la case « reconversion », dont chacun sait l’inanité pour un salarié de 57 ans. Son parcours est d’ailleurs prétexte à des pages particulièrement cocasses dans leur administrative absurdité. « La formation proposée était loin de m’enthousiasmer, mais je n’aspirais de toute façon pas un instant à me reconvertir en quoi que ce soit d’autre qu’un rêveur d’élite, un stakhanoviste du farniente. »


Entre son bureau où la tension monte entre des collègues dont Éric Faye égrène les noms et prénoms avec le soin scrupuleux d’un agent de l’état civil, et son domicile, en passant par quelques visites plutôt sinistres dans sa belle-famille, le narrateur détaille les étapes de cette liquidation. En acteur désabusé, mais jamais plaintif, et en spectateur lucide de cette « drôle de guerre » entre cols blancs : «Difficile de capter des informations dans cette rédaction d’ordinaire bruyante mais dont la bande-son, désormais, rappelle un film célèbre du commandant Cousteau. »

Certitudes vacillantes

Romancier, essayiste, traducteur, journaliste (dans une agence de presse…), Éric Faye est l’auteur érudit d’ouvrages à la lisière avec l’étrangeté, instillant un soupçon de fantastique dans le quotidien. De L’Homme sans empreintes à La Télégraphiste de Chopin, les identités se dérobent, les certitudes vacillent. Ici, la brutalité économique prétend mettre bon ordre à ce flou qui fragilise mais illumine la vie. Même en entreprise, même au XXIe siècle, même à l’heure de l’information en temps réel.


Dans son magnifique Mes trains de nuit, l’écrivain faisait l’éloge des wagons trouant l’obscurité, favorisant la prédilection du voyageur pour la lenteur et la contemplation. Il défendait ce « gisement de poésie en voie de disparition » sous les coups de son « pire ennemi », ce TGV diurne fier de sa célérité. Il suffit de traverser la rue poursuit, à sa manière, l’inventaire mélancolique de la défaite programmée d’un monde jugé obsolète.

I

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