S. T. né en 1948, psychiatre, psychanalyste, docteur en psychologie,
*réalise en 1975, la première thèse sous forme de bandes dessinées avec l'aval de l'éminent professeur Guyotat
*fonde, alors qu'il exerce en tant que praticien hospitalier, une unité de soins palliatifs
*enseigne la psychologie à Paris VII
*assure la fonction de directeur de recherches à Paris X
Scénariste,
dessinateur, photographe, chroniqueur dans l'émission "arrêt sur
images" proposée par France 5 ; il est également l'auteur de très
nombreuses publications.
Au début des années 1980, S.T. se remet à lire, grâce à la présence de son fils : "les aventures de Tintin" deHergé alias Georges Rémi...et a l'intuition qu'un secret de filiation jamais expressément décrypté parcourt l'oeuvre graphique.
S.T., en 1985, rédige un essai qu'il intitule
"la création graphique, la mise en scène et ses enjeux" dans l'oeuvre d'Hergé.
- sensible à la qualité des scénarios, à la beauté de la ligne claire du dessin, au réalisme des décors, des objets, des couleurs douces, à la concision des textes et aux figures qui sont devenues depuis longtemps des archétypes....
S.T. retrouve le fil des questions, demeurées sans réponse alors qu'il était enfant, en faisant défiler les personnages...
C'est en 1930, à la gare de Bruxelles que débute le premier album:
Tintin, reporter, se sépare de quelques vagues amis, sans effusion, pour se rendre au Congo-Belge
l'album, par contre, va se terminer par une scène de séparation brutale, imprévisible :
Tintin quitte les indigènes sans manifester la moindre empathie à leur endroit ;
la
violence de ce type d' événement, assorti à la reconnaissance de la
douleur de l'Autre dans le registre de la filiation paternelle, va, au
fil des albums, devenir un des thèmes récurrent de l'oeuvre.
Avant
l'apparition du Capitaine, Milou, fox de son état, constitue*, avec
Tintin qui s'entête à résoudre toutes les énigmes et à intégrer les personnages qui gravitent autour de lui au sein d'une famille composite, le premier couple d'inséparables.
La douleur de la séparation est mise en scène lors du kidnapping de Milou dans l'album "Tintin en Amérique" et de l'enlèvement du fils du Maharadjah dans
"les Cigares du pharaon"
la joie de l'adoption (celle de Tchang),
la guérison d'une folie qui permet au fils de reconnaitre son père
la première évocation d'une douleur partagée au moment d'un départ dans "Le lotus bleu".
Tintin est celui qui rend l'enfant, réel ou symbolique (qui peut prendre la forme d'un projet, d'une création..)ainsi dans " L'oreille cassée"c'est un authentique fétiche qui est rendu à un musée dans "Le crabe aux pinces d'or" c'est le commandement et donc la dignité qui est rendu au Capitaine dans "L'étoile mystérieuse"c'est
un morceau de minerai, emmailloté dans une étoffe de couleur verte qui
est remis à son découvreur devant des savants extasiés...
dans"Rakkam le rouge""Le secret de la licorne""les sept boules de cristal""Le temple du soleil" Haddock, Capitaine désespéré, imprégné quotidiennement, se libère du fantôme de son aïeul et lâche ses démons. Dans "On a marché sur la lune" Tournesol, le savant perché est abandonné, livré au silence et à la mort. Dans
"Tintin au Tibet" Hergé accorde - aux enjeux de la filiation- un espace d'affection réciproque.
Le
lien de représentation de la relation maternelle est mis en scène à
travers le personnage de la Castafiore, cantatrice qui ne tient à rien
ni à personne si ce n'est à son bijou qui s'impose tour à tour en grande dame logorrhéique et en amante humble et déchue..
le
Bijou est un présent qui lui a été remis à elle, femme adulée, qui se
plaît et se complaît à le faire disparaître, réapparaître jusqu'au
moment où "il" disparaît pour de bon, projetant la lumière sur la
douleur de la Diva, à jamais inconsolable.
J'ai découvert, en 1962, l'oeuvre
graphique d'Hergé, alors que je farfouillais dans les décombres d'une
maison soufflée par les bombardements de la dernière guerre.
En 2009 le musée, qui lui est consacré, situé à Louvain la Neuve, en Wallonie, un "incontournable" pour les Tintophiles.
J'empile tous les superlatifs pour dire combien le travail de Serge Tisseron m'a enthousiasmée.
Danièle R
https://www.youtube.com/watch?v=7J8mObjniAI