Damya, rescapée du mitraillage d’un bistrot lors des attentats du 13 novembre, ne dansera plus jamais sur scène.
Aujourd’hui, après de longs mois de rééducation, elle est chargée par Lyle de recruter des figurants pour le film « La Douleur », adaptation de Duras. Un décor humain d’une centaine de personnes pour jouer les déportés arrivant à Paris en juin 1945.
Munie du vieux reflex fourni par Lyle, Damya déambule dans un Paris où les coins les plus divers recèleront les rencontres qu’elle souhaite. Avec les immigrés dormant sur les trottoirs, des miséreux de toutes sortes : clochards, étudiants faméliques, jeunes déboussolés, c’est bien à leur misère physique que sera proposée la figuration ( payée à la journée) des rescapés sortant détruits de la boue des camps .
Le casting sauvage, c’est quand les agences coincent, a dit Lyle avant d’expliquer les fiches d’embauche, les garanties à fournir en vue du contrat. Damya avance, résolue à remplir la liste au gré des silhouettes qu’elle repère.
Lorsque le tournage s’accomplit, les figurants en marche n’ont que faire de la fièvre qui entoure les prises de vue. Ils avancent, seuls et pauvres, muets, travestis. Mais Damya , elle, sait leurs noms. Tandis qu’elle pleure ces ignorés des rues et des esplanades, ils avancent, on a acheté leur misère.
Un roman grave, qui parvient aussi, en parallèle à s’imprégner du désarroi qui harcèle, après les blessures. Blessure de Damya, ou de ceux qui croisent ou croisèrent sa vie. Un récit dont la ville est un personnage à part entière. Paris des humbles dont j’ai goûté la peinture à la fois réaliste et onirique, composée de main de maître par ce grand auteur.
Un roman lumineux. En berbère, « Damya » signifie « Prospérité et bonheur ».
Marie Thérèse
https://www.youtube.com/watch?v=EjGoxYsMsfI
https://www.lagalerne.com/personne/hubert-haddad/1962740/
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