La rencontre, et les liens qui en résultèrent, entre Auguste Renoir et Raoul Rigault, a-t-elle vraiment eu lieu ? Toujours est-il qu’elle est à l’origine du roman de Bernard Chambaz.
Le contraste est grand entre les deux fresques brossées autour de ces deux personnages :
D’abord les quelques jours tranquilles des deux compagnons à « La Marlotte », une auberge de Fontainebleau . Les lilas explosent en ce mois de mai 1870, Auguste plante son chevalet dans un coin de forêt, Raoul reprend souffle et ardeur politicienne , poursuivi qu’il vient de l’être par le régime honni de Napoléon III.
En suite , c’est Paris , en proie à la subversion des Fédérés. Renoir est victime de l’aveugle violence, alors qu’il peint sur la terrasse des Feuillants. C’est Rigault , qui s’est attribué des fonctions à la préfecture de police, qui va le sauver de la dénonciation ô combien abusive de « traitre ». Nous sommes le 22mars 1871.Les deux hommes viennent de se retouver.
Dans la capitale, les scènes décrivant les deux amis pris dans la violence des troubles montrent l’écart de leurs positions respectives : l’un est un révolutionnaire enragé, l’autre est artiste avant tout, et s’il comprend les Communards, il juge nocif le radicalisme de son ami. Opinions ? Discours ? Sentiments ? Aucunement ! Et c’est là la grande force de ce texte que de nous engloutir dans un tableau , d’en brosser la fresque avec une rare fluidité. Mouvements, couleurs, bruits et odeurs nous auront absorbés et impressionnés mieux que de longs discours .
On aperçoit les silhouettes de Verlaine, Courbet, On pénètre au Louvre, fascinés comme Renoir par Géricault. Dans un très bel épilogue on rejoint , cinquante ans plus tard, le Maître, dont le portrait semble renaître , après la filigrane du récit assourdi que nous venons d’écouter, plus net et encore plus admirable.
Je vous laisse découvrir le rapport du titre avec quelques notations discrètes sur l’art du grand peintre, au fur et à mesure de votre lecture de ce livre splendide.
Marie Thérèse
